La jaquette et moi

jaquette1

nom féminin : Vêtement masculin de cérémonie à pans ouverts descendant jusqu’aux genoux[1]

De nos jours, les séjours à l’hôpital sont caractérisés par le port de la fameuse chemise d’hôpital ample afin de favoriser les soins par l’équipe soignante. Lors de la naissance, le personnel médical encourage les femmes à porter la jaquette. Il en est tout autrement en maison de naissance ou à domicile, où la femme porte les vêtements qui lui convient.

Merci à Valérie, Stéphanie, Stéphanie et Catherine

Pour la naissance de mon garçon, il était question d’une induction. Jeudi matin : rendez-vous pour déclencher la naissance dans le but de préserver la santé du bébé.

Valise en main, je me rends à l’hôpital. À mon arrivée, on me demande de me déshabiller et d’enfiler une jaquette d’hôpital. Tout de suite, je réponds que je ne ressens pas le besoin de mettre la jaquette et que je l’enfilerai plus tard. On me répond que c’est important de la mettre tout de suite, que cela facilitera les interventions.

Est-ce que j’ai pris le temps de vous dire que je souhaitais vivre une naissance sans intervention? Toute naturelle. J’avais suivi le cours prénatal avec les outils de la méthode Bonapace avec mon partenaire. Je comptais bien donner naissance sans l’aide de quoi que ce soit d’autre que moi-même. L’idée de provoquer la naissance de mon bébé était déjà très difficile à avaler.

Mon premier réflexe, c’est de faire à ma tête et de garder ma petite culotte et mon soutien-gorge. Ensuite, on m’examine et on me recommande d’enlever ma petite culotte et mon soutien-gorge… (Soupir.)

C’était la vision que j’avais. Je m’étais préparer pour vivre mes contractions avec ma petite culotte noire en dentelle avec des fleurs roses et avec mon soutien-gorge noir. La jaquette ne faisait pas partie de mes visualisations. La chemise ne faisait pas partie de cet événement si précieux que représente la naissance de mon premier bébé. Pour moi, la jaquette représente l’hospitalisation, un état de maladie ou de lésion qui nécessite une intervention.

Une fois qu’on m’a installée la voie veineuse et l’ocytocine synthétique, on m’a recommandé de marcher pour favoriser le début des contractions.

Me retrouvant dans le corridor, la fameuse jaquette était donc de mise. J’ai donc enfilé ladite jaquette en prenant soin de préalablement retirer mes sous-vêtements et je me suis promenée à l’extérieur de la chambre durant quelques heures afin de déclencher les contractions.

Plusieurs heures plus tard, alors que j’étais en période de transition, bébé était bien engagé dans mon bassin.

La période de transition est caractérisée par l’espace-temps, très variable, où la femme qui enfante vit une fragmentation. Le col de l’utérus frôle la dilation complète. Il n’est pas rare que la femme déclare vouloir retourner en arrière, vouloir mourir, être désespérée. De plus, elle expérimente souvent des sueurs, des nausées, des vomissements, des tremblements, des frissons.

J’avais des tremblements, j’avais chaud, j’avais mal au cœur. « Je sens que ça pousse. » C’est là que je demande à mon conjoint de retirer la glorieuse jaquette… Mon conjoint essaie par tous les moyens de retirer la jaquette, mais une tonne de branchements lui complique un peu la tâche. Je réitère : « Enlève la jaquette. » Finalement, il la déchire, parce que j’avais si chaud et que je m’impatientais. « J’ai chaud! Mon bébé s’en vient. »


Loin de moi l’idée de vous convaincre de dépenser de l’argent afin de trouver une élégante robe en prévision de la naissance de votre enfant.

Pourquoi ne pas réfléchir en amont sur les éléments qui favoriseront votre confort lors de la mise au monde?

Est-ce que le port de la jaquette va de soi? Êtes-vous indifférente à l’idée de la porter?

Pourquoi ne pas réfléchir sur la notion de nudité?

Êtes-vous à l’aise d’être nue dans votre lieu de naissance?

Est-ce que la nudité risque d’être un obstacle au lâcher-prise?

Quelle est votre relation avec ladite jaquette?

Comment prévoyez-vous vivre avec celle-ci?


[1] Définition tirée du dictionnaire Le Petit Robert


Au revoir 2022

Je vois passer toutes sortes de rétrospectives sur les réseaux sociaux et je me dis qu’il faudrait également que je m’y mette.

J’y suis allée de cette publication bilan la semaine dernière, mais je sens que je dois aller au fond des choses. Je cherche des images percutantes, des anecdotes, des mots-phares, des citations… mais rien de bref et concis ne vient.


L’année 2022 a commencé brusquement avec le virus de la COVID dans notre maison. Ce qui a fait le plus mal, c’est l’isolement de toute la famille. De plus, les températures glaciales nous empêchaient d’aller nous amuser à l’extérieur. Nous avons vécu l’école à la maison avec l’aîné, tout ça entrecoupé de séances de télétravail ici et là.

Toutes les restrictions sanitaires ont contribué à me choisir une tâche à l’école primaire. Ainsi, pour tous les mercredis, j’étais une enseignante dans une classe multiniveaux de 5-6e année et ma tâche était l’enseignement des sciences et d’ECR (éthique et culture religieuse).

En février, j’ai eu le privilège d’accompagner la naissance de ma filleule. Une douce incursion au milieu de la nuit dans la pénombre, une naissance incroyablement rapide qui m’a fait vivre beaucoup d’émotions. Un début très exigeant avec l’allaitement m’a rappelé combien le soutien est précieux pour les nouveaux parents.

Au début du printemps, j’ai accompagné la naissance d’une petite fleur. Née à 37 semaines par induction, j’ai l’impression qu’on a tiré sur sa tige afin de la propulser dans notre monde. La chérie était bien en forme, mais bien chétive. J’ai assisté à la naissance de ce couple dont les références culturelles étaient bien loin du système québécois (maman guatémaltèque et papa français).

En juin, j’ai laissé mes élèves de ma classe voler de leurs propres ailes et nous avons souligné la fin de l’année scolaire avec toutes sortes d’activités. C’est avec beaucoup de gratitude que j’ai fermé ce chapitre, mais également avec des batteries bien déchargées.

Les premiers jours chauds de l’été ont été parsemés de temps de qualité en famille : match de baseball, mini-golf, marché d’Oka et traversier, cueillette de fraises, pourvoirie à Ste-Émélie-de-l’Énergie. Par contre, le premier jour de mes vacances en juillet, en allant offrir un doux baiser à ma fille dans son petit lit, mon genou a décidé de briser. Lire ici : désinsertion du ménisque externe et arthrose sévère. Ouch!

Le 23 août, j’ai été opérée après avoir passé cinq semaines en béquille. J’ai préparé cette période de convalescence comme on se prépare à la naissance d’un bébé. J’ai commandé des petits plats cuisinés, j’ai planifié faire garder les enfants lors de l’intervention et j’ai nommé mes besoins à mon partenaire. J’ai pu consommer une cuisine restauratrice comme des boissons chaudes réconfortantes à répétitions, du ghee, des soupes et des bouillons.

À la rentrée scolaire de septembre, le moral des troupes est à plat. Je sens que je suis un fardeau pour mes proches, mon conjoint met les bouchées doubles pour répondre aux besoins de la famille et même les enfants verbalisent qu’ils sont tannés. Ma promenade quotidienne en chaise roulante n’a plus l’attrait qu’elle avait! Les sorties sont restreintes pour tous.

En octobre, je revis! Je recommence à marcher tranquillement et à conduire. J’ai été le témoin privilégié de la naissance d’un petit coco en accompagnant un couple à l’hôpital Cité de la Santé. C’est la première fois que j’y remettais les pieds depuis la naissance de mon garçon en 2015. Un premier bébé tant attendu qui a mis plusieurs heures à venir au monde. J’y ai vu une maman forte et calme ainsi qu’un papa qui veille patiemment sur sa conjointe.

De plus, j’ai commencé ma formation de base avec Doula Pleine lune. C’était le morceau que je recherchais. J’y ai découvert une belle grande famille et surtout, j’ai défini ma posture de doula si chère à mes yeux. Cette sororité est précieuse et contribuera certainement à mes prochains accompagnements.

En décembre, j’ai aménagé mon horaire de manière à libérer au maximum la dernière semaine avant les fêtes. Quelle idée géniale quand j’ai été forcé de visiter les urgences les 23 et 24 décembre avec ma plus jeune pour une otite sévère.

En cuisinant pour la première fois le traditionnel ragoût de pattes de cochon de ma grand-mère, j’ai écouté le balado L’Académie de voyage Bruno Blanchet. Un passage m’a littéralement bouleversée et j’ai envie de vous le présenter. Pour écouter l’épisode entier, c’est ici.

L’auteur-compositeur-interprète Martin Léon se trouve au Laos chez un habitant d’un petit village. Il est en pleine conversation quand quelqu’un vient cogner à sa porte. Ils interrompent leur conversation quelques instants. Le visiteur et l’habitant chuchotent. Puis, l’habitant lui pointe son jardin à l’arrière de la cour. Martin questionne à savoir si l’inconnu est un cousin ou un ami. Il répond simplement que c’est un voisin qui avait besoin de soutien. Il raconte que dans sa culture, celui qui souffre, celui qui vit une situation difficile a l’habitude d’aller offrir son aide à son prochain. Ainsi, l’habitant qui le reçoit lui suggère d’aller dans le jardin pour travailler la terre. Tout bonnement sans questionner, sans essayer de trouver une solution.

C’est dans ce mindset que l’année tire à sa fin pour moi. Reste plus qu’à avertir mes voisins. Haha. Pourquoi ne pas voir la souffrance de l’un comme un moyen de connecter à l’autre? Je vous laisse avec cette réflexion.

À l’année prochaine


En janvier dernier, j’avais pigé la carte ESPACE comme mot-phare de 2022.

Tenir l’espace.

Tenir l’espace des femmes qui enfantent.

Tenir l’espace des familles.

Tenir l’espace de mon propre corps qui me parle.

Offrir de l’espace pour vivre mes émotions.

Saisir l’espace pour refaire mes batteries.

Prendre conscience de l’espace qui m’apaise.


À vous tous, merci pour votre confiance en 2022 :

Moment Sacré, Passion Maternité, Nourri-Source Laurentides, Maternité Ô Naturel, ExcelGym Zodiak, Marie-Pier Deschênes, Advaya Yoga, 4 célébrations.

C’était mille fois plus difficile que ce que j’avais imaginé

Voici un récit chargé d’émotions qui relate l’histoire de Geneviève qui a donné naissance à un petit garçon en avril 2022. Cette maman a été propulsée dans le grand monde de la maternité. Elle a marché son chemin, enjambé les embûches, retroussé ses manches, nommé ses besoins et ses défis. Résilience, force, ombre et lumière.

Merci Geneviève de nous offrir des parcelles de ton 4e trimestre.


Je me suis lancée dans la maternité avec une réelle insouciance. Je m’y suis préparée, bien sûr, mais sans plus.

J’ai arrêté de travailler 12 jours avant ma date prévue d’accouchement (DPA), en pleine forme et heureuse d’avoir enfin du temps pour profiter des derniers jours de ma bedaine. Le lendemain matin, après un copieux déjeuner, des maux de ventre. On lance à la blague que ce sont des contractions.

Une heure plus tard, je capote et je ne veux plus de ce bébé tellement j’ai mal. Je blasphème. Je longe les murs. Papa court partout. Nous n’étions pas prêts.

Aucune période de latence. De zéro à mille. Submergée, surprise, apeurée. Je demande la péridurale, car c’est la seule chose que je connaisse.

Alors tout devient doux. Je ne sens plus rien. C’est long. C’est long.

Puis, on pousse. On pousse. Je me sens tellement inadéquate. Je pousse du nez, comme on dit. Bébé avance à pas de tortue. Je suis tannée. Deux heures et demie de poussée.

1h25. Je n’y crois pas. Je vis comme dans une bulle. On dépose un bébé sur moi. C’est le mien? Je suis heureuse, c’est clair, mais j’ai l’impression de n’avoir aucune émotion en banque.

Au jour 3, bébé est hospitalisé à cause de la jaunisse. Papa n’a pas le droit de rester avec nous. Je suis exténuée, un peu stressée, même si je sais que ce n’est pas grave et la seule vue de mon bébé qui se tortille sous une lampe bleue me fait pleurer.

Je suis complètement seule dans une grande chambre bleue et verte. Au bout du couloir. C’est la nuit. J’installe le petit lit de camp et j’essaie de dormir. Mais les infirmières vont et viennent et bébé pleure. Pleure beaucoup.

Il est 2 heures du matin et je pleure à chaudes larmes. On me dit que je dois allaiter, mais vite! Pas plus de 5 minutes, car bébé doit retourner sous la lampe. Je n’y arrive juste pas. Bébé n’est pas capable de prendre le sein. Je tire mon lait. Il n’y a presque rien. Rien ne va. Je pleure de plus en plus. Je suis complètement seule dans cette chambre bleue et verte.

Je sors dans le couloir malgré l’interdiction. Je cherche de l’aide. Médicale, oui, mais surtout humaine. On me donne une suce, deux petites bouteilles d’Enfamil et un DAL.

La nuit finit par finir. Je suis vidée, mais j’écoute le plus attentivement possible tous les médecins, internes et résidents qui passent. Papa est à la maison et a fait la grasse matinée. Je brûle de jalousie. Ce vague sentiment d’injustice perdure parfois jusqu’à ce jour, 7 mois plus tard.

Cette première épreuve, je l’ai refoulée parce que c’est ce que je fais tout le temps. J’ai encaissé la fatigue. Puis, les difficultés d’allaitement se sont intensifiées. L’interminable jour de la marmotte du tire-allaitement. Les douleurs au sein. Le stress de la pesée. Deuxième débordement de larmes. Je suis inconsolable. Papa appelle partout pour demander de l’aide pendant que je pleure parce que j’ai envie de mourir en tentant de nourrir mon fils.

J’ai appréhendé chaque tétée pendant plus de deux mois. Tout le monde me disait d’arrêter, mais pour une raison inconnue, je ne voulais pas. Je serrais les dents.

Puis, je me suis rendue compte aussi que j’avais vécu un deuil. Le deuil de ma bedaine. J’ai adoré mon 3e trimestre de grossesse. De plus, je me sentais belle avec ma bedaine. Lorsque bébé est arrivé, il a tout chamboulé.

Je pleurais souvent et je me sentais « faible ». Les pleurs de bébé me rendaient dingue. Par chance, il n’a jamais été un bébé pleureur. Je me sentais tellement dépourvue lorsqu’il pleurait que je fondais en larmes aussi. En silence, dans le noir, tout en bounçant mon bébé.

Je pleurais aussi en cachette. Sous la douche était mon endroit préféré. Je me souviens même avoir averti papa de ne pas s’en faire s’il entendait des sons étranges. De ne pas intervenir.

Je pleurais car la maternité me rentrait dedans. C’était mille fois plus difficile que ce que j’avais imaginé.

Geneviève Dubeau

Entrevue sur le 4e trimestre d’Audrey

Audrey est une femme résiliente qui a donné naissance peu de temps les premières mesures de confinement du mois de mars 2020. Elle a vécu un postpartum teinté d’isolement, d’apprentissages, d’émotions, d’incertitudes, de sentiments contradictoires et d’amour. À quelques jours de donner la vie pour une deuxième fois, elle se sent prête à plonger dans la période postnatale avec conscience.

  • Comment vous sentez-vous aujourd’hui au moment d’écrire ces lignes? Bébé a quel âge?

Je suis en paix avec le 4e trimestre de mon premier garçon, 21 mois plus tard. Cela n’a pas toujours été facile mais je réalise, après coup, que la pandémie m’a créé un stress par rapport à la santé de mon nouveau-né et par rapport à la gestion des gens de mon entourage qui étaient trop pressés de venir voir et de prendre le bébé. C’est assez hallucinant de constater que nous revenons dans une situation semblable 2 ans plus tard. J’espère que ces mêmes gens seront plus compréhensifs.

  • Avez-vous eu la chance de réfléchir et de préparer votre 4e trimestre?

Beaucoup plus maintenant, à l’aube de mon 2e accouchement qu’à mon premier. Je suis beaucoup plus consciente de ce qui m’attend et mon mot d’ordre est le lâcher prise.

  • Comment se sont déroulées les premières heures suivant la naissance?

Bien, malgré l’épuisement post accouchement. Je vivais un genre d’euphorie, je me sentais apaisée avec mon bébé sur moi.

  • Comment s’est déroulé le retour à la maison?

C’était difficile surtout au niveau de l’allaitement. J’avais mal et bébé ne buvait pas assez, donc nous ne dormions presque pas. C’était l’enfer. En plus, je devais gérer la famille proche qui m’appelait, ce que je voyais comme une pression, car je savais qu’ils voulaient voir le bébé. Je leur avais pourtant dit que je voulais d’abord passer du temps en famille pour créer notre petit cocon.

  • Est-ce que l’accouchement a laissé des marques physiques et psychologiques?

Avec le recul, j’ai réalisé que j’aurais dû m’écouter davantage pendant l’accouchement, mais c’est difficile quand tu n’as jamais vécu ces sensations fortes. Tu as tendance à faire confiance d’abord au personnel médical, ce qui n’est pas mauvais en soi, mais j’aurais pu faire quelques petites choses autrement. C’est ce que j’espère pour mon 2e. De plus, j’ai eu une longue réhabilitation physique avec de la physiothérapie pelvienne, ce qui a affecté ma remise en forme et ma vie sexuelle. C’était parfois dur pour le moral.

  • Comment était votre village (ceux qui pouvaient vous appuyer après la naissance)?

J’ai dû choisir les bonnes personnes pour moi et non les personnes avec un « statut » important par rapport à moi. Mes amies ont été super et à l’écoute! J’ai particulièrement apprécié les personnes qui ne s’imposaient pas et qui demandaient si nous avions des besoins.

  • Est-ce que le contexte actuel de la pandémie a ajouté des difficultés à votre période postpartum?

Oui, la pandémie a ajouté des difficultés supplémentaires. Je m’en rends compte maintenant. Il faut se rappeler que nous étions en avril 2020, au tout début alors que nous présentions notre premier enfant par la fenêtre aux grands-parents. C’était déchirant.

  • Qu’est-ce qui a été le plus facile durant les premiers jours?

L’appui de mon conjoint qui était à l’écoute et très présent pour moi et pour le bébé. La pandémie nous a forcé à prendre le temps de former notre bulle familiale et renforcer nos liens affectifs, ce qui a été une bonne chose.

  • Qu’est-ce qui a été le plus difficile durant les premiers jours?

L’allaitement! J’avais très mal et bébé ne buvait pas assez, donc il ne dormait presque pas et nous non plus.

  • Est-ce qu’il y a un moment marquant où vous avez pris conscience de l’ampleur de votre rôle de maman/papa?

Pas de moment précis, mais j’ai réalisé qu’il avait vraiment besoin de moi 24h/24 quand je me levais la nuit.

  • Avez-vous une pratique/soin/activité coup de coeur ?

Quand je me suis sentie mieux physiquement, ça m’a fait le plus grand bien de juste prendre l’air, aller marcher avec bébé et le chien.

  • Selon vous, la période postpartum dure combien de temps?

Je crois que tout dépend du soutien des proches, des difficultés rencontrées, de la réhabilitation physique et psychologique. Pour moi, je dirais que cela a pris environ 2 mois.

Retour à la sexualité après l’accouchement

La sexualité fait partie intégrante de nos vies. Elle sera tantôt fluide tantôt rocambolesque. J’ai encore de la difficulté à digérer le manque de tact du personnel médical qui m’a aussitôt parlé de contraception alors que je tenais mon poupon dans mes bras. Pourtant, la vie continue et la sexualité reprend son cours avec quelques ajustements.

Aucune pression

Félicitations! Vous venez tout juste de donner la vie. C’est incroyable! Si votre entourage est quelque peu au fait des besoins des nouveaux parents lors de la période postpartum, vous êtes bien entourés et vous avez reçu du support pour les repas et les tâches ménagères et cela a contribué grandement à votre état d’esprit et a favorisé le repos.

Le corps de la femme a besoin au minimum de 6 semaines afin que l’utérus, qui a vécu un grand étirement, reprenne sa taille et sa place initiale. De plus, les organes qui se sont serrés les uns sur les autres afin de laisser toute la place au bébé grandissant ont besoin de temps pour reprendre leur place initiale et fonctionner à plein régime. Le corps est plutôt au ralenti après l’arrivée de bébé.

La période d’adaptation postnatale est un trimestre en soi, c’est le quatrième trimestre de la grossesse. On parle d’une durée de 3 mois où vos seuls objectifs devraient être le repos, nourrir votre bébé et connecter avec celui-ci. Bien sûr, certains couples auront envie de se câliner, de se toucher, de se masturber ou encore de faire l’amour. C’est tout à fait normal et sain. L’ocytocine, surnommée l’hormone de l’amour, est sécrétée lors de l’allaitement, mais aussi lors de contact de proximité avec bébé et votre partenaire. Le moment où la femme qui a accouché se sentira prête à avoir des rapprochements intimes diffèrera d’une personne à l’autre.

Dialogue

Votre partenaire est une personne clé! Verbaliser ses besoins et ses ressentis à son partenaire est le début d’une nouvelle vie sexuelle après l’accouchement. Vous aurez probablement besoin de temps afin de vous adapter à votre nouvelle réalité de maman, à votre nouveau corps qui a donné la vie, à votre nouvelle routine, bref, aux multiples changements qui surviennent après une naissance.

En tant que doula postnatale, je peux supporter les couples lors de la période postnatale. Je peux tenir un espace afin que chacun puisse s’exprimer. Tous ces chamboulements sont normaux. La lune de miel qui suit la naissance n’est pas éternelle. Le manque de sommeil, les boires répétés ainsi que les nombreux changements de couches sont des moments éprouvants et sont peu compatibles avec les rapprochements entre les partenaires.

Apprivoiser son corps

Quoi de mieux qu’une bonne mise au point! Le passage de bébé a laissé des traces psychologiques et physiques et peut avoir donné naissance à des blocages. Chaque accouchement est différent et donc, chaque corps l’est aussi.

Prenez un miroir et observez les changements de votre vulve et de votre vagin. Y a-t-il encore de l’enflure? Est-ce que les points de suture ont-ils laissé des marques? La sensibilité est-elle la même? Y a-t-il des rigidités? Je vous invite à insérer vos doigts et apprivoiser votre nouveau corps. Remercier la vie pour avoir mis au monde un petit être humain.

Pour les femmes qui allaitent, pensez à utiliser un lubrifiant. La prolactine sécrétée par votre corps est une hormone qui cause la sécheresse vaginale. Cela peut causer quelques désagréments.

Consulter un professionnel en rééducation périnéale sans culpabilité

Si vous ressentez un inconfort lors de vos prochains rapports sexuels ou bien une gêne lors de l’effort (comme des fuites urinaires suite à un éternuement, un saut ou encore une quinte de toux), n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé spécialisé en rééducation périnéale. Les physiothérapeutes vous aideront à retrouver votre confort en quelques séances. Les manipulations internes sont très efficaces, ils pourront aisément ajuster leurs interventions selon votre problématique.

Je rêve d’une tonne de publicité télévisuelle où l’on ferait la promotion de physiothérapie périnéale plutôt que de miser sur la promotion des culottes d’incontinence!

En terminant, la période postnatale apporte son lot d’adaptation et de défis. L’acceptation est souvent le premier pas vers un certain équilibre. Bonne continuité!

Réfléchir ensemble le 4e trimestre

Le 4e trimestre est une période sacrée où la maman doit essentiellement guérir de son accouchement, apprendre à allaiter et tomber en amour avec son bébé.

Réfléchir avec son partenaire est une étape cruciale pour faire de cette période un moment unique.

La doula est une personne qui peut faciliter une rencontre en couple pour parler de votre vision de la maternité et de vos souhaits concernant une foule de sujets comme par exemple :

– l’annonce de la naissance
– les visiteurs
– le soutien à l’allaitement
– la planification des repas

La mère et le père peuvent avoir des visions différentes de la période postnatale. C’est tout à fait normal. La grossesse est bien différemment vécue par les deux partenaires.

Quand je suis allée visiter ma copine dans l’Ouest Canadien, je suis vite devenue la doula. En étant présente quelques jours avant l’accouchement et pour les 6 semaines suivantes, j’étais vraiment impliquée au cœur du cocon familial. Ma vision du postnatal était celle-là, la seule que je connaissais. Pour moi, c’était d’avoir une personne de confiance qui s’occupe de la maman et du reste de la maisonnée pendant que les parents connectent avec leur bébé. Rien au programme sauf tomber en amour avec bébé dans un grand lit et des bains de soleil!

Quand mon fils est né, nous n’avions pas pensé discuter au préalable de nos besoins et de nos visions respectives. Je suis tombée en bas de ma chaise lors du retour à la maison. Tout d’abord, je donnais naissance en novembre et non en plein cœur de l’été. Aucune journée chaude avec le soleil qui inonde ma maison. Pas de bébé en bedaine. Au contraire, mon petit coco de 5 lbs était couvert de la tête au pied avec plusieurs épaisseurs incluant mitaines et bonnet durant des semaines afin qu’il puisse garder sa chaleur! Puis, mon conjoint avait une tout autre vision de son congé parental. Il voulait refaire la salle de bain!

C’est important de laisser de la place à la nouveauté sans trop avoir de projet. Go with the flow. On ne peut pas tout prévoir avec l’arrivée d’un nouveau-né et on peut facilement être déçu si ce n’est pas exactement ce que l’on souhaitait.

D’un autre côté, une bonne discussion permet de faire de la place à nos valeurs, nos souhaits, notre vision de la maternité. Parce qu’au fond, l’important est d’écouter son cœur et sa petite voix intérieure.

Témoignage

« Le temps passé avec la doula nous oblige à prendre le temps de réfléchir à ce que nous voulons, en tant que couple et en tant que parents. La vie va vite et nous ne prenons pas toujours le temps de le faire. Nous avons eu la chance de prendre une heure avec elle pour discuter et réfléchir sur nos attentes et nos besoins. Un moment précieux et riche! »

– Parents qui attendent leur 2e enfant