Audrey est une femme résiliente qui a donné naissance peu de temps les premières mesures de confinement du mois de mars 2020. Elle a vécu un postpartum teinté d’isolement, d’apprentissages, d’émotions, d’incertitudes, de sentiments contradictoires et d’amour. À quelques jours de donner la vie pour une deuxième fois, elle se sent prête à plonger dans la période postnatale avec conscience.
- Comment vous sentez-vous aujourd’hui au moment d’écrire ces lignes? Bébé a quel âge?
Je suis en paix avec le 4e trimestre de mon premier garçon, 21 mois plus tard. Cela n’a pas toujours été facile mais je réalise, après coup, que la pandémie m’a créé un stress par rapport à la santé de mon nouveau-né et par rapport à la gestion des gens de mon entourage qui étaient trop pressés de venir voir et de prendre le bébé. C’est assez hallucinant de constater que nous revenons dans une situation semblable 2 ans plus tard. J’espère que ces mêmes gens seront plus compréhensifs.
- Avez-vous eu la chance de réfléchir et de préparer votre 4e trimestre?
Beaucoup plus maintenant, à l’aube de mon 2e accouchement qu’à mon premier. Je suis beaucoup plus consciente de ce qui m’attend et mon mot d’ordre est le lâcher prise.
- Comment se sont déroulées les premières heures suivant la naissance?
Bien, malgré l’épuisement post accouchement. Je vivais un genre d’euphorie, je me sentais apaisée avec mon bébé sur moi.
- Comment s’est déroulé le retour à la maison?
C’était difficile surtout au niveau de l’allaitement. J’avais mal et bébé ne buvait pas assez, donc nous ne dormions presque pas. C’était l’enfer. En plus, je devais gérer la famille proche qui m’appelait, ce que je voyais comme une pression, car je savais qu’ils voulaient voir le bébé. Je leur avais pourtant dit que je voulais d’abord passer du temps en famille pour créer notre petit cocon.
- Est-ce que l’accouchement a laissé des marques physiques et psychologiques?
Avec le recul, j’ai réalisé que j’aurais dû m’écouter davantage pendant l’accouchement, mais c’est difficile quand tu n’as jamais vécu ces sensations fortes. Tu as tendance à faire confiance d’abord au personnel médical, ce qui n’est pas mauvais en soi, mais j’aurais pu faire quelques petites choses autrement. C’est ce que j’espère pour mon 2e. De plus, j’ai eu une longue réhabilitation physique avec de la physiothérapie pelvienne, ce qui a affecté ma remise en forme et ma vie sexuelle. C’était parfois dur pour le moral.
- Comment était votre village (ceux qui pouvaient vous appuyer après la naissance)?
J’ai dû choisir les bonnes personnes pour moi et non les personnes avec un « statut » important par rapport à moi. Mes amies ont été super et à l’écoute! J’ai particulièrement apprécié les personnes qui ne s’imposaient pas et qui demandaient si nous avions des besoins.
- Est-ce que le contexte actuel de la pandémie a ajouté des difficultés à votre période postpartum?
Oui, la pandémie a ajouté des difficultés supplémentaires. Je m’en rends compte maintenant. Il faut se rappeler que nous étions en avril 2020, au tout début alors que nous présentions notre premier enfant par la fenêtre aux grands-parents. C’était déchirant.
- Qu’est-ce qui a été le plus facile durant les premiers jours?
L’appui de mon conjoint qui était à l’écoute et très présent pour moi et pour le bébé. La pandémie nous a forcé à prendre le temps de former notre bulle familiale et renforcer nos liens affectifs, ce qui a été une bonne chose.
- Qu’est-ce qui a été le plus difficile durant les premiers jours?
L’allaitement! J’avais très mal et bébé ne buvait pas assez, donc il ne dormait presque pas et nous non plus.
- Est-ce qu’il y a un moment marquant où vous avez pris conscience de l’ampleur de votre rôle de maman/papa?
Pas de moment précis, mais j’ai réalisé qu’il avait vraiment besoin de moi 24h/24 quand je me levais la nuit.
- Avez-vous une pratique/soin/activité coup de coeur ?
Quand je me suis sentie mieux physiquement, ça m’a fait le plus grand bien de juste prendre l’air, aller marcher avec bébé et le chien.
- Selon vous, la période postpartum dure combien de temps?
Je crois que tout dépend du soutien des proches, des difficultés rencontrées, de la réhabilitation physique et psychologique. Pour moi, je dirais que cela a pris environ 2 mois.