Au revoir 2022

Je vois passer toutes sortes de rétrospectives sur les réseaux sociaux et je me dis qu’il faudrait également que je m’y mette.

J’y suis allée de cette publication bilan la semaine dernière, mais je sens que je dois aller au fond des choses. Je cherche des images percutantes, des anecdotes, des mots-phares, des citations… mais rien de bref et concis ne vient.


L’année 2022 a commencé brusquement avec le virus de la COVID dans notre maison. Ce qui a fait le plus mal, c’est l’isolement de toute la famille. De plus, les températures glaciales nous empêchaient d’aller nous amuser à l’extérieur. Nous avons vécu l’école à la maison avec l’aîné, tout ça entrecoupé de séances de télétravail ici et là.

Toutes les restrictions sanitaires ont contribué à me choisir une tâche à l’école primaire. Ainsi, pour tous les mercredis, j’étais une enseignante dans une classe multiniveaux de 5-6e année et ma tâche était l’enseignement des sciences et d’ECR (éthique et culture religieuse).

En février, j’ai eu le privilège d’accompagner la naissance de ma filleule. Une douce incursion au milieu de la nuit dans la pénombre, une naissance incroyablement rapide qui m’a fait vivre beaucoup d’émotions. Un début très exigeant avec l’allaitement m’a rappelé combien le soutien est précieux pour les nouveaux parents.

Au début du printemps, j’ai accompagné la naissance d’une petite fleur. Née à 37 semaines par induction, j’ai l’impression qu’on a tiré sur sa tige afin de la propulser dans notre monde. La chérie était bien en forme, mais bien chétive. J’ai assisté à la naissance de ce couple dont les références culturelles étaient bien loin du système québécois (maman guatémaltèque et papa français).

En juin, j’ai laissé mes élèves de ma classe voler de leurs propres ailes et nous avons souligné la fin de l’année scolaire avec toutes sortes d’activités. C’est avec beaucoup de gratitude que j’ai fermé ce chapitre, mais également avec des batteries bien déchargées.

Les premiers jours chauds de l’été ont été parsemés de temps de qualité en famille : match de baseball, mini-golf, marché d’Oka et traversier, cueillette de fraises, pourvoirie à Ste-Émélie-de-l’Énergie. Par contre, le premier jour de mes vacances en juillet, en allant offrir un doux baiser à ma fille dans son petit lit, mon genou a décidé de briser. Lire ici : désinsertion du ménisque externe et arthrose sévère. Ouch!

Le 23 août, j’ai été opérée après avoir passé cinq semaines en béquille. J’ai préparé cette période de convalescence comme on se prépare à la naissance d’un bébé. J’ai commandé des petits plats cuisinés, j’ai planifié faire garder les enfants lors de l’intervention et j’ai nommé mes besoins à mon partenaire. J’ai pu consommer une cuisine restauratrice comme des boissons chaudes réconfortantes à répétitions, du ghee, des soupes et des bouillons.

À la rentrée scolaire de septembre, le moral des troupes est à plat. Je sens que je suis un fardeau pour mes proches, mon conjoint met les bouchées doubles pour répondre aux besoins de la famille et même les enfants verbalisent qu’ils sont tannés. Ma promenade quotidienne en chaise roulante n’a plus l’attrait qu’elle avait! Les sorties sont restreintes pour tous.

En octobre, je revis! Je recommence à marcher tranquillement et à conduire. J’ai été le témoin privilégié de la naissance d’un petit coco en accompagnant un couple à l’hôpital Cité de la Santé. C’est la première fois que j’y remettais les pieds depuis la naissance de mon garçon en 2015. Un premier bébé tant attendu qui a mis plusieurs heures à venir au monde. J’y ai vu une maman forte et calme ainsi qu’un papa qui veille patiemment sur sa conjointe.

De plus, j’ai commencé ma formation de base avec Doula Pleine lune. C’était le morceau que je recherchais. J’y ai découvert une belle grande famille et surtout, j’ai défini ma posture de doula si chère à mes yeux. Cette sororité est précieuse et contribuera certainement à mes prochains accompagnements.

En décembre, j’ai aménagé mon horaire de manière à libérer au maximum la dernière semaine avant les fêtes. Quelle idée géniale quand j’ai été forcé de visiter les urgences les 23 et 24 décembre avec ma plus jeune pour une otite sévère.

En cuisinant pour la première fois le traditionnel ragoût de pattes de cochon de ma grand-mère, j’ai écouté le balado L’Académie de voyage Bruno Blanchet. Un passage m’a littéralement bouleversée et j’ai envie de vous le présenter. Pour écouter l’épisode entier, c’est ici.

L’auteur-compositeur-interprète Martin Léon se trouve au Laos chez un habitant d’un petit village. Il est en pleine conversation quand quelqu’un vient cogner à sa porte. Ils interrompent leur conversation quelques instants. Le visiteur et l’habitant chuchotent. Puis, l’habitant lui pointe son jardin à l’arrière de la cour. Martin questionne à savoir si l’inconnu est un cousin ou un ami. Il répond simplement que c’est un voisin qui avait besoin de soutien. Il raconte que dans sa culture, celui qui souffre, celui qui vit une situation difficile a l’habitude d’aller offrir son aide à son prochain. Ainsi, l’habitant qui le reçoit lui suggère d’aller dans le jardin pour travailler la terre. Tout bonnement sans questionner, sans essayer de trouver une solution.

C’est dans ce mindset que l’année tire à sa fin pour moi. Reste plus qu’à avertir mes voisins. Haha. Pourquoi ne pas voir la souffrance de l’un comme un moyen de connecter à l’autre? Je vous laisse avec cette réflexion.

À l’année prochaine


En janvier dernier, j’avais pigé la carte ESPACE comme mot-phare de 2022.

Tenir l’espace.

Tenir l’espace des femmes qui enfantent.

Tenir l’espace des familles.

Tenir l’espace de mon propre corps qui me parle.

Offrir de l’espace pour vivre mes émotions.

Saisir l’espace pour refaire mes batteries.

Prendre conscience de l’espace qui m’apaise.


À vous tous, merci pour votre confiance en 2022 :

Moment Sacré, Passion Maternité, Nourri-Source Laurentides, Maternité Ô Naturel, ExcelGym Zodiak, Marie-Pier Deschênes, Advaya Yoga, 4 célébrations.

C’était mille fois plus difficile que ce que j’avais imaginé

Voici un récit chargé d’émotions qui relate l’histoire de Geneviève qui a donné naissance à un petit garçon en avril 2022. Cette maman a été propulsée dans le grand monde de la maternité. Elle a marché son chemin, enjambé les embûches, retroussé ses manches, nommé ses besoins et ses défis. Résilience, force, ombre et lumière.

Merci Geneviève de nous offrir des parcelles de ton 4e trimestre.


Je me suis lancée dans la maternité avec une réelle insouciance. Je m’y suis préparée, bien sûr, mais sans plus.

J’ai arrêté de travailler 12 jours avant ma date prévue d’accouchement (DPA), en pleine forme et heureuse d’avoir enfin du temps pour profiter des derniers jours de ma bedaine. Le lendemain matin, après un copieux déjeuner, des maux de ventre. On lance à la blague que ce sont des contractions.

Une heure plus tard, je capote et je ne veux plus de ce bébé tellement j’ai mal. Je blasphème. Je longe les murs. Papa court partout. Nous n’étions pas prêts.

Aucune période de latence. De zéro à mille. Submergée, surprise, apeurée. Je demande la péridurale, car c’est la seule chose que je connaisse.

Alors tout devient doux. Je ne sens plus rien. C’est long. C’est long.

Puis, on pousse. On pousse. Je me sens tellement inadéquate. Je pousse du nez, comme on dit. Bébé avance à pas de tortue. Je suis tannée. Deux heures et demie de poussée.

1h25. Je n’y crois pas. Je vis comme dans une bulle. On dépose un bébé sur moi. C’est le mien? Je suis heureuse, c’est clair, mais j’ai l’impression de n’avoir aucune émotion en banque.

Au jour 3, bébé est hospitalisé à cause de la jaunisse. Papa n’a pas le droit de rester avec nous. Je suis exténuée, un peu stressée, même si je sais que ce n’est pas grave et la seule vue de mon bébé qui se tortille sous une lampe bleue me fait pleurer.

Je suis complètement seule dans une grande chambre bleue et verte. Au bout du couloir. C’est la nuit. J’installe le petit lit de camp et j’essaie de dormir. Mais les infirmières vont et viennent et bébé pleure. Pleure beaucoup.

Il est 2 heures du matin et je pleure à chaudes larmes. On me dit que je dois allaiter, mais vite! Pas plus de 5 minutes, car bébé doit retourner sous la lampe. Je n’y arrive juste pas. Bébé n’est pas capable de prendre le sein. Je tire mon lait. Il n’y a presque rien. Rien ne va. Je pleure de plus en plus. Je suis complètement seule dans cette chambre bleue et verte.

Je sors dans le couloir malgré l’interdiction. Je cherche de l’aide. Médicale, oui, mais surtout humaine. On me donne une suce, deux petites bouteilles d’Enfamil et un DAL.

La nuit finit par finir. Je suis vidée, mais j’écoute le plus attentivement possible tous les médecins, internes et résidents qui passent. Papa est à la maison et a fait la grasse matinée. Je brûle de jalousie. Ce vague sentiment d’injustice perdure parfois jusqu’à ce jour, 7 mois plus tard.

Cette première épreuve, je l’ai refoulée parce que c’est ce que je fais tout le temps. J’ai encaissé la fatigue. Puis, les difficultés d’allaitement se sont intensifiées. L’interminable jour de la marmotte du tire-allaitement. Les douleurs au sein. Le stress de la pesée. Deuxième débordement de larmes. Je suis inconsolable. Papa appelle partout pour demander de l’aide pendant que je pleure parce que j’ai envie de mourir en tentant de nourrir mon fils.

J’ai appréhendé chaque tétée pendant plus de deux mois. Tout le monde me disait d’arrêter, mais pour une raison inconnue, je ne voulais pas. Je serrais les dents.

Puis, je me suis rendue compte aussi que j’avais vécu un deuil. Le deuil de ma bedaine. J’ai adoré mon 3e trimestre de grossesse. De plus, je me sentais belle avec ma bedaine. Lorsque bébé est arrivé, il a tout chamboulé.

Je pleurais souvent et je me sentais « faible ». Les pleurs de bébé me rendaient dingue. Par chance, il n’a jamais été un bébé pleureur. Je me sentais tellement dépourvue lorsqu’il pleurait que je fondais en larmes aussi. En silence, dans le noir, tout en bounçant mon bébé.

Je pleurais aussi en cachette. Sous la douche était mon endroit préféré. Je me souviens même avoir averti papa de ne pas s’en faire s’il entendait des sons étranges. De ne pas intervenir.

Je pleurais car la maternité me rentrait dedans. C’était mille fois plus difficile que ce que j’avais imaginé.

Geneviève Dubeau

Entrevue sur le 4e trimestre de Maïté

La période postnatale apporte son lot d’émotions. L’idée derrière l’entrevue avec une nouvelle maman est d’exposer ses nouvelles réalités, de mettre des mots sur son expérience, de normaliser son vécu, d’accepter les changements qui affectent son quotidien et aider les autres mamans dans leur compréhension de cette période riche en émotions fortes.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui au moment d’écrire ces lignes? Bébé a quel âge?

Bébé a 6 semaines. Je me sens beaucoup plus en confiance qu’au début!

Avez-vous eu la chance de réfléchir et de préparer votre 4e trimestre?

Oui, je m’étais informée et j’avais eu une bonne discussion avec Amélie qui m’a fait réfléchir à certains aspects auxquels j’avais moins pensé.

Comment se sont déroulées les premières heures suivant la naissance?

Le plus grand chamboulement de ma vie! Apprendre à connaître ce bébé tant attendu et en même temps ne plus se reconnaître soi-même. C’était comme être projeté dans un univers parallèle!

Comment s’est déroulé le retour à la maison?

Heureusement, tout était prêt à la maison. Beaucoup d’ajustements et d’essai-erreurs pour comprendre bébé, mais au final on était bien mieux dans notre cocon qu’à l’hôpital.

Est-ce que l’accouchement a laissé des marques physiques et psychologiques?

J’ai subi une déchirure importante qui a pris du temps à guérir. Ça m’a pris plusieurs semaines avant même d’aller voir et de digérer la fin de mon accouchement. Maintenant que je suis en très bonne voie de guérison, ça va beaucoup mieux, mais pendant longtemps je me suis sentie comme trahie par mon corps et par la médecin qui m’a accouchée. J’aurais dû m’écouter, mais ce n’est pas facile à faire à ce moment!

Comment était votre village (ceux qui pouvaient vous appuyer après la naissance)?

Vraiment très utile! Notre famille et certains amis se sont beaucoup occupés de nous. Les petits plats nous ont vraiment permis de se concentrer sur bébé et sur nous.

Est-ce que le contexte actuel de la pandémie a ajouté des difficultés à votre période postpartum?

Aspects négatifs: Bébé prenait pas assez de poids, donc nous devions nous déplacer beaucoup trop souvent au CLSC. Le suivi était auparavant fait à domicile. Cela me drainait énormément d’énergie et me donnait de l’anxiété (devoir sortir de la maison, avoir des vêtements qui me faisaient, horaire des boires de bébé, devoir se préparer plus rapidement, etc.)

Aspects positifs: Facile de limiter les visites!

Qu’est-ce qui a été le plus facile durant les premiers jours?

L’établissement de notre  »triade » maman-bébé-papa.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile durant les premiers jours?

L’allaitement et vivre de la douleur.

Est-ce qu’il y a un moment marquant où vous avez pris conscience de l’ampleur de votre rôle de maman?

En regardant mon chum faire du peau à peau l’hôpital avec bébé. Il était tellement petit et sans défense!

Avez-vous une pratique/soin/activité coup de coeur ?

Donner le bain. Bébé adore et maman aussi.

Selon vous, la période postpartum dure combien de temps?

C’est à découvrir, je sais qu’à 6 semaines je n’en suis pas encore sortie.